La nature religieuse d’une juridiction étrangère n’est pas, à elle seule, un obstacle à la reconnaissance de ses décisions en France.
Publié le :
19/05/2017
19
mai
mai
05
2017
Dans les faits de cette espèce, des époux de nationalité Libanaise et de confession musulmane chiite se sont mariés au Liban, selon le rite musulman. L’épouse, souhaitant divorcer, a saisi le Conseil islamique chiite, seul compétent au Liban, d’une demande de divorce.
Puis, établie en France, l’épouse a déposé une autre requête en divorce devant le Juge aux affaires familiales.
L’époux a alors soulevé une exception de litispendance internationale, exception selon laquelle si un même litige est pendant devant deux juridictions de même degré également compétentes pour connaître dudit litige, la juridiction saisie en second doit se dessaisir au profit de la première.
La règle est classique tant dans son application nationale qu’internationale.
La Cour de cassation a, en effet, posé des critères en cas de litispendance entre deux juridictions, l’une française, l’autre étrangère, en l’absence de toute convention internationale. Ainsi, une litispendance internationale peut être accueillie si la décision qui sera prononcée par la juridiction étrangère est susceptible d’être reconnue et exécutée en France.
Celle-ci le sera si elle répond à trois critères stricts (Cour de cassation, 1ère civ, 20 février 2007, n°05-14082) :
La compétence indirecte du juge étranger, fondée sur le rattachement du litige au juge saisi ; La conformité à l’ordre public international de fond et de procédure ; L’absence de fraude à la loi ;
Cependant, dans les faits de l’espèce, la Cour d'Appel a rejeté l’exception de litispendance en jugeant que le Conseil islamique chiite étant une autorité religieuse et non une juridiction civile, sa décision ne pourrait être reconnue et exécutée en France.
La Cour de cassation casse cet arrêt en jugeant que la Cour d'Appel s’était fondée sur un motif impropre à établir que la décision à intervenir n’était pas susceptible d’être reconnue en France.
La solution est légitime puisque la Cour d'Appel n’a pas recherché, comme il le lui était demandé par la Haute Cour depuis 2007, si les critères de reconnaissance et d’exécution en France d’une décision étrangère étaient réunis.
Il reviendra donc à la Cour d'Appel de renvoi de rechercher si les trois critères dégagés en 2007 sont, ou non, remplis.
La nature religieuse d’une juridiction étrangère n’est donc pas un critère à retenir pour la reconnaissance, en France, de ses décisions.
Source : Cour de cassation, 1ère civ, 18 janvier 2017, pourvoi n°16-11630
Lien : https://www.legifrance.gouv.fr/affichJuriJudi.do?oldAction=rechJuriJudi&idTexte=JURITEXT000033900959&fastReqId=898283081&fastPos=1
Historique
-
La taille ne fait pas tout !
Publié le : 20/12/2017 20 décembre déc. 12 2017Droit international20172017 / DécembreLa législation grecque prévoit que tous les candidats au concours de police, quel que soit leur sexe, doivent faire au minimum 1,70 mètre afin de pouvoir par...
-
Décision de la cour suprême de New-York section d’appel du 28 septembre 2017 : un véritable laboratoire de droit de la famille ?
Publié le : 04/12/2017 04 décembre déc. 12 2017Droit international20172017 / DécembreLa Cour Suprême de NEW-YORK, le 28 septembre 2017, s’est penchée sur les effets d’un contrat de gestation pour autrui, conclu par un couple d’hommes, tout d’...
-
Quand le geste de bonne volonté se transforme en droit…
Publié le : 04/12/2017 04 décembre déc. 12 2017Droit international20172017 / DécembreUn homme décède en mars 2002 au Canada. Il a eu deux filles, et un fils, reconnu en septembre 1997 par le défunt. Dans le testament, qu’il a laissé, daté d’a...
-
La Cour européenne des Droits de l'Homme au secours du respect de la vie privée des français !
Publié le : 02/11/2017 02 novembre nov. 11 2017Droit international20172017 / NovembreLa France se trouve une nouvelle fois condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour non-respect des dispositions de l’article 8 de la conventio...
-
La Cour de Cassation accepte de donner un statut juridique aux enfants nés de gestation pour autrui à l'étranger
Publié le : 02/11/2017 02 novembre nov. 11 2017Droit international20172017 / NovembreA force d’être condamnée par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, la France vient de modifier sa réglementation par cinq arrêts de la Première Chambre C...
-
La nature religieuse d’une juridiction étrangère n’est pas, à elle seule, un obstacle à la reconnaissance de ses décisions en France.
Publié le : 19/05/2017 19 mai mai 05 2017Droit international20172017 / MaiDans les faits de cette espèce, des époux de nationalité Libanaise et de confession musulmane chiite se sont mariés au Liban, selon le rite musulman. L’épous...